24 décembre 2020

De l’inquiétante ère de la simplification

Le Peintre sur mobilier, comme tous les artisans d’art, a choisi d’exercer un métier d’art pour prendre le temps de faire du « beau » afin de donner un sens à sa vie.

Si d’aventure il se « simplifie la vie », alors, il met sciemment de côté, le métier qu’il exerce, ses compétences durement acquises, le client avec qui il a un contrat moral (en dehors du contrat signé), le meuble qu’il est en train de restaurer, transformer, décorer pour le préparer à sa seconde vie ; Il oublie tout cela pour ne penser finalement qu’à sa petite personne. Et bien, chaque fois, la rançon à payer sera une perte de l’esthétisme et de la pérennité de son ouvrage. Certes, il fulminera que d’aucuns puissent le prendre pour un « barbouilleur » mais il ne sera rien de plus !

Les règles de l’art protègent les savoir-faire  complexes de nos métiers. Elles nous protègent aussi, nous, artisans d’art, de l’inquiétante ère de la simplification et de l’obsession du « gain de temps » qui n’est somme toute que l’obsession du « gain tout court ». Quelqu’un, un jour, mettra beaucoup de temps à refaire le travail bâclé comme souvent nous prenons beaucoup de notre temps pour réparer sur un meuble l’épouvantable intervention d’un bricoleur du dimanche qui aurait mieux fait, ce jour-là, d’aller se promener à la campagne.

Nous sommes des êtres « finis » et tout comme le Savoir, le Savoir-faire devrait nous faire tendre vers l’infini et donc, la complexité. Prenons le langage : Chaque fois qu’on le simplifie, la pensée perd de son extraordinaire et merveilleuse complexité ; La capacité à exprimer une émotion, un sentiment, à décrire un paysage, une situation, cette capacité est amputée. Qui avait dit (un membre de l’académie française peut-être ?), que si l’on ôtait l’accent circonflexe au mot « abîme » (pour simplifier la vie de nos chères têtes blondes), il ne serait plus jamais aussi profond ?

Voilà ce que l’on appelle, non sans tristesse, le « nivellement par le bas ».

A l’atelier Garance, les élèves apprennent à travailler dans les règles de l’art sans jamais y déroger. Et quand l’un d’eux me dit qu’il a traversé la France, comme les autres élèves présents dans l’atelier, pour recevoir CET ENSEIGNEMENT, c’est une formidable récompense et la quasi-certitude que ces règles seront transmises aux futures générations de Peintres sur mobilier.

La réalisation d’atelier que j’ai choisie de vous montrer en cette fin d’année 2020 est un superbe décor polychrome inspiré d’un plat en laque – Japon 1650 – 1700 et destiné à devenir le plateau d’une table d’appoint avec piètement en fer forgé. Travail brillamment exécuté par Pierre, créateur de meubles, de l’Entreprise PIISA CREATION http://www.piisacreations.com/ en formation certifiante de Peintre sur mobilier à l’Atelier Garance.

Bonnes fêtes à tous !