29 décembre 2021

Histoire de ma première reconversion

Je me suis reconvertie 3 fois dans ma vie, et toujours dans le Mobilier.

Voici l’histoire de ma première reconversion : De 18 à 27 ans, je fus secrétaire, m’ennuyant fermement dans une triste vie professionnelle. Puis, émergea enfin l’idée en moi qu’il était possible qu’il n’en fût pas ainsi toute ma vie !! Adepte de la démissionnite aigüe, j’acceptais un dernier poste pour une durée déterminée de 12 mois, sachant que cela me donnerait droit à environ un an de répit pour trouver comment ne plus jamais mettre les pieds dans un bureau !

A la fin de ce contrat qui fut, je crois, le plus mortel de tous, contrat très certainement envoyé par ma fée protectrice histoire que je ne change pas d’avis, j’arrivais débordante d’énergie à l’ANPE. Je leur expliquais que je voulais travailler dans le meuble ancien, bref, dans l’antiquité et que j’étais venue demander une formation dans ce domaine. A ma grande stupéfaction, cela n’existait pas ! Je ne l’avais même pas imaginé ! Mais qu’à cela ne tienne, je proposais à la conseillère qui me recevait de me former moi-même sur le tas : J’avais déjà fait des recherches de stages bénévoles : Un Commissaire-Priseur de Marseille, Maître VIOLA, était prêt à m’intégrer pour 1 mois à son équipe, le Directeur de la Société qui organisait chaque année le prestigieux Salon des Antiquaires de Marseille au Parc Chanot était prêt aussi à me donner un poste tout le temps du Salon… (soit-dit en passant, j’avais raconté aux deux que j’étais étudiante en Histoire de l’Art… Oui, j’avais un certain culot !) Je continuais ma tentative de persuasion, lui disant que j’avais acheté des tonnes de livres sur l’Histoire des Style et que je pouvais donc me former aussi à la maison. Mais ce fut encore NON : Elle me dit froidement que j’étais rémunérée par les ASSEDIC pour chercher du travail 8h par jour et non pas pour aller travailler bénévolement à droite et à gauche ou lire des livres !!! Il faut dire qu’à l’époque, les entreprises cherchaient des secrétaires à la pelle, j’avais une solide expérience de 9 ans, mon dossier aurait été vite bouclé, alors, sans doute mes prétentions l’agaçaient-elle. Avec elle, ma première reconversion commençait très mal…

Vous avez déjà compris que je n’en ai fait qu’à ma tête, le plus dur, durant toute cette année étant finalement de déplaire souverainement aux patrons où ma nouvelle ennemie m’envoyait régulièrement me présenter en tant que secrétaire. En dehors de ce détail, cette année de recherche d’une nouvelle vie fut merveilleuse.  Je rencontrais des gens fantastiques, antiquaires, responsables de salle de ventes, libraires, et notamment, cette épouse d’antiquaire professeure d’Histoire de l’Art au L.E.P Montredon de Marseille, Mme ARTAUD, qui, après m’avoir écoutée lui conter ma passion pour les beaux meubles anciens, me reçue tout l’hiver, avec l’accord du Proviseur, aux heures de cours d’Histoire des styles qu’elle donnait aux futurs ébénistes d’art de cette école. J’avais 27 ans, j’étais de retour sur les bancs quittés 11 ans auparavant, entourée d’adolescents très sympathiques, futurs ébénistes d’art qui me regardaient comme une curiosité. Les mois passant, forte de ma nouvelle petite expérience bénévole dans le meuble ancien, de mes quelques connaissances livresques, j’écrivais, avec l’aide de Mme ARTAUD, à tous les antiquaires adhérents du Syndicat des Antiquaires de Marseille (garantie de sérieux disait-elle) dont son mari était le Président ! Il n’y a pas de hasard ! Mes 28 ans approchaient ainsi que la fin de mes droits ! Je postais 88 lettres. Une seule réponse me parvint : C’était mon futur patron, Bernard-Pierre SCUOPPO MUSSO, Antiquaire, Ebéniste d’art et Expert près la Cour d’Appel d’Aix en Provence ! J’avais réussi !

Ces années furent une expérience unique et d’une telle richesse grâce à Bernard ; Quel précieux apprentissage ! Mais plus encore que la galerie, que les salons prestigieux, l’atelier d’ébénisterie d’art spécialisé dans les XVIIème et XVIIIème siècles et ce qu’y faisaient les 5 ouvriers spécialisés de Bernard m’émerveillait et annonçait déjà ma deuxième reconversion que je vous raconterai une prochaine fois.

Sur cette photo, j’ai environ 30 ans, je suis directrice de la Galerie Scuoppo-Musso de Marseille (il y en avait une autre à Paris, rue de Lille) et nous exposons au Salon des Antiquaires de Cannes au Palais des Festivals. C’est l’inauguration et Mr Michel Mouillot, alors Maire de cette ville, vient serrer la main de chaque antiquaire sur son stand respectif. Mon patron n’aimait que chiner et acheter. Sur tous les salons que nous faisions (Cannes, Marseille, Dijon, Strasbourg, Bruxelles, Lille, Bordeaux et Nîmes), il était présent durant les 2 ou 3 journées réservées aux professionnels, on mettait ensuite en place le stand ensemble puis il disparaissait bien avant l’inauguration qui sonnait l’ouverture au public pour 10 jours.

Bonnes fêtes de fin d’année !

www.isabelle-garance.com