Nous étions en 2011 et les demandes de stage, de formation de relooking de meubles étaient récurrentes. Je décidais de me tourner vers la formation professionnelle et de transmettre mon savoir-faire. Vous l’avez tous compris, ma troisième reconversion fut de transformer l’artisan d’art indépendant qui travaillait pour qui il voulait, naviguait à vue et n’avait de compte à rendre à personne, en formatrice rigoureuse, méthodique, organisée qui a plein de comptes à rendre à toutes sortes d’institutions gouvernementales. Il s’agissait tout d’abord d’écrire noir sur blanc et de manière intelligible pour un élève, toutes les « recettes » inventées, pratiquées, bidouillées, modifiées durant 20 ans, toutes mes techniques d’application, de réalisation de décors, de création matière, de préparation de surface… Répertorier tous les produits utilisés ou fabriqués. Ce fut un énorme travail que de passer du « tout dans la tête » à des supports pédagogiques lisibles et compréhensibles par tous. Puis il fallut arpenter internet que je venais à peine de me faire installer, à la recherche de la très complexe législation de la Formation Professionnelle ; Législation qui évolue en permanence car chaque quinquennat y va de sa réforme et même de ses réformes ! J’en ai conclu qu’il devait s’agir d’un concours : Quel Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle ferait le plus de réformes et le plus souvent ? Enfin, je demandais à un webmaster de créer un site internet dont je n’avais jamais eu besoin en tant qu’artisan d’art (j’avais démarré en 1994), afin de me faire connaître en tant qu’Organisme de formation. Puis vint la rédaction des programmes de formation de différents niveaux puis des supports pédagogiques qui se devaient d’être utiles aux élèves et cohérents. Pour les plannings, se fut compliqué aussi : Par quoi fallait-il commencer ? Combien de temps mettrait un débutant à faire ceci ou cela ? Que pouvais-je apprendre à quelqu’un en 30h, en 60h ? Combien de temps fallait-il pour tout apprendre à un futur professionnel ? La création de maquettes diverses et variées à foison, la mise au point d’une méthode d’évaluation du travail des élèves, l’apprentissage de l’utilisation du florilège des extranets des financeurs fut une étape fastidieuse. Vint ensuite la préparation et l’obtention du premier Label Qualité VERISELECT, puis, suite à une réforme, celui que l’on nomme aujourd’hui QUALIOPI (dit le graal mais il n’est en fait qu’une partie du graal !). Tout cela sans oublier de se battre au jour le jour pour faire connaître et respecter ce métier que personne ne connaissait. Son apparition en 2015 sur la liste officielle des Métiers d’Art me vint en aide. Un peu comme pour le réchauffement climatique, tout le monde croyait à l’époque que n’importe qui pouvait peindre un meuble sans qu’une formation ne soit nécessaire, surtout les conseillers en reconversion ou financeurs des personnes désirant venir en formation dans mon atelier ! Aujourd’hui, les choses ont évolué mais il reste encore quelques patinoseptiques ! Puis vint la création du premier diplôme d’Etat pour le Peintre sur Mobilier qui n’a aucune formation initiale : Monter mon premier dossier d’inscription d’une formation certifiante de Peintre sur mobilier au RNCP pour créer enfin une reconnaissance officielle et nationale de ce métier d’art fut une sorte d’Everest à gravir puis la demande de renouvellement 3 ans plus tard un Kilimandjaro. Avec un taux d’acceptation de 64% des dossiers par France Compétences, ce n’est pas gagné d’avance puisque cela implique que 36% des dossiers sont refusés qu’ils constituent une première demande ou une demande de renouvellement. J’ai dû aussi m’habituer à avoir du monde en permanence dans mon atelier où je travaillais seule durant 20 ans en compagnie de France Inter ou France Culture, mon café et mes cigarettes ; Je passais d’excellent moments à transmettre mon savoir-faire mais aussi gérer les caractères difficiles et bien trempé de l’univers de la formation adulte (eh oui !), trouver le bon ton pour enseigner, pour faire comprendre, pour amener les élèves à cette exigence spécifique aux métiers d’art… en 2020, vint le moment de former et d’embaucher une ecellente animatrice de formation pour me seconder sans que ce fameux niveau d’exigence baisse (Merci Alexandra !) … Je me dis souvent que je suis finalement retournée en grande partie dans le « bureau » que j’avais fuit lorsque j’avais 27 ans !! Certes, je ne suis plus secrétaire mais chef d’entreprise, mais tout de même, le destin est un filou ! 10 ans plus tard, l’Association Française des Peintres sur Mobilier https://www.peintres-sur-mobilier.com/ créée par mes anciens élèves prépare La Biennale des Peintres sur Mobilier 2022 qui fait suite au premier séminaire des Peintres sur mobilier de 2019. Cette Biennale sera entre autres agrémentée d’une très belle exposition de meubles et panneaux décoratifs réalisés par les Peintres sur Mobilier présents (environ 35 sur 70 artisans d’art diplômés et installés à leur compte).
Rendez-vous à CHILHAC, en Haute Loire (43) le samedi 14 mai prochain !